Yi Jing et les trois styles fondateurs de médecine en Chine

   En général, la médecine du juste milieu (médecine chinoise) est catégorisée en disciplines comme le massage, acupuncture et moxibustion, remise en place des os (ostéopathie chinoise), ventouses, diététique etc

Mais il est plus intéressant de catégoriser les différents styles de médecines en amont par courants de pensées, textes et pères fondateurs, datant de la haute antiquité (période pré-dynastique) à la dynastie des Han orientaux (25 à 220 ans après J.C.). La dynastie des Han étant une période importante représentant l'apogée de la médecinedu juste milieu (médecine chinoise), les styles venant après ne faisant que de reprendre les classiques anciens, développer certains points mais aucun n’ayant pu s’imposer comme véritable système complet.

La catégorisation ci-dessous se fait en 3 parties, mais la réalité est plus complexe, les styles se sont souvent mélangés au fil du temps, des médecins en Chine se réfèrent même aucun style particulier, a aucun classique, comme certains “Min Jian” 民間 (médecins du folklore chinois) qui représentent les médecins hors cursus universitaire et hospitalier, avec des techniques et remèdes acquis par l'expérience, qui bien qu’ils peuvent avoir de bons résultats sur beaucoup de maladies, leurs techniques font plus penser à des recettes qu’à de vrais systèmes médicaux.  Cette catégorisation sert à refléter les 3 principaux styles fondateurs de la médecine du juste milieu (médecine chinoise), les plus anciens et les plus proches de la tradition chinoise, formant 3 systèmes complets et cohérents. Tous sont liés avec le Yi Jing, appellé “Classique des changements” qui est le classique fondateur de la pensée chinoise ainsi que le Dao De Jing (écrit par Lao Zi) et le Zhuang Zi, les deux classiques fondateurs du Daoisme.

Cette catégorisation est donc subjective, même si j’ai entrepris un long et profond travail de recherches auprès de diffé  rents experts et dans des bibliothèques; et que je crois sincèrement au résultat de mes recherches, elle ne reflète que ma petite compréhension de la culture chinoise. J'ai cependant montré la version chinoise de mon article à différents médecins, maitres en arts martiaux, wuistes (shamans chinois), universitaires et scientifiques chinois pour avoir leurs critiques et conseils. Il est fort probable que cet article sera peaufiné au fil du temps...

 

   Beaucoup informations sont différentes de ce qui ce dit dans les écoles de médecine chinoise en Chine comme à l'étranger, les formations universitaires ont l’avantage d’utiliser un langage structuré et standardisé, ayant incorporé tous les styles de médecine du juste milieu (médecine chinoise) ainsi que la médecine occidentale, mais justement à cause de cela, tous les styles de médecine du juste milieu (médecine chinoise) sont mélangés et simplifiés, de plus, la trop grande part de la médecine occidentale donne une médecine du juste milieu détériorée, simplifiée et loin de la tradition pour donner naissance la médecine chinoise comme on la connait aujourd’hui.

Le site en lui même a fait appel à plusieurs maitres et médecins traditionnels ayant appris bien avant la Révolution Culturelle, certains ne sont jamais allé à l'école et ont appris comme le veut la tradition chinoise par transmission familiale ou transmission de maitre-disciple (Shi Fu - Tu Di en chinois).

Représentants et Livres:

Fu Xi   Yi Jing (Classique des changements), classique fondateur de la pensée chinoise

Xuan Yuan   Zhu You Shi San Ke, première forme de médecine appelée “Zhu You” ou“Wuisme” (shamanisme chinois) utilisant les incantations et talismans

Huang Di    Huang Di Nei Jing (Classique Interne de l’Empereur Jaune), “médecine des 4 saisons” utilisant l’acupuncture et la moxibustion, classique traitant de la nature et de la vie

Zhang ZhongJing   Shang Han Za Bing Lun (Traité des lésions du froid et maladies diverses), véritable “médecine clinique”, système de méthodes utilisant les plantes médicinales.

Mis à part Zhang ZhongJing qui était un médecin de la dynastie des Han Orientaux, les autres personnages cités dans cet article sont pour les historiens des personnages légendaires ou des chefs fondateurs de tribus très importants à qui ont a attribué l'écriture de livres qu’ils n’auraient jamais écris eux-mêmes, c’est pour cela que le terme de “représentant” est plus approprié que celui “d’auteur”, mais tous sont très connus et respectés par les chinois comme des divinités (神) ou des sages (聖), car considérés comme les fondateurs de la culture chinoise.

Certains historiens pensent que les empereurs Xuan Yuan et Huang Di sont en fait une même personne, et que Shen Nong et Yan Di (ce dernier n’est pas présent dans cet article) sont aussi une même personne.

Il existe beaucoup d’autres styles de médecine du juste milieu (médecine chinoise), mais qui sont arrivés tardivement comme l’importante école Wen Bing (dynastie des Qing 1644 à 1911, la dernière dynastie de Chine). Cette école Wen Bing est considérée comme un développement et complément du Shang Han Za Bing Lun pour certains, une mauvaise compréhension du Shang Han Za Bing Lun pour d’autres ou comme un système autonome mieux approprié aux temps modernes pour d’autres encore et ainsi considéré comme un véritable pilier de la médecine du juste milieu (médecine chinoise). Citons aussi l'école Huo Shen (dynastie des Qing) qui connait un grand succès ces dernières années surtout dans sa région natale du Si Chuan mais qui a fait un grand échos dans toute la Chine et ailleurs. Toutes ces écoles dérivent du Huang Di Nei Jing et du Shang Han Za Bing Lun. Certains médecins pensent que les styles contemporains et modernes sont plus appropriés que les styles traditionnels carrépondent mieux aux attentes et pathologies de leurs temps et régions, mais d'autres médecins pensent que ces styles contemporains et modernes sont bons pour des cas particuliers seulement car justement ils répondent mieux aux attentes et pathologies de leurs temps et régions, chaque style étant né dans un lieu et à un moment particuliers avec son climat, son environnement, l’habitude des gens qui y habitent, les guerres et épidémies… ainsi chaque style a ses propres qualités, a développé des choses intéressantes et a de bons résultats pour certaines maladies.

Les puristes des classiques diront que les styles contemporains et modernes sont apparus car les classiques anciens n’ont pas été compris en profondeur, répondant à des situations précises et que seuls les classiques et leurs styles fondateurs constituent de véritables systèmes de pensée générale provenant du Yi Jing et du Daoisme, traitant ainsi des lois universelles de la nature.

C’est la une des grandes différences avec la médecine occidentale. Cette dernière se base sur les dernières avancées et preuves scientifiques alors que la médecine du juste milieu (médecine chinoise) se base sur le savoir et la sagesse des anciens qu’il faut étudier avec humilité. On parle de plusieurs périodes de déclin du niveau de la médecine du juste milieu (médecine chinoise), la plus importante étant après la dynastie des Han Orientaux (25 à 220 ans après J.C.) et ensuite après la dynastie des Tang (618 à 907 ans après J.C.). Voilà pourquoi cet article présente les styles de médecine de la haute antiquité à la dynastie des Han Orientaux, les styles fondateurs, les plus anciens, traditionnels et respectés. Car jusqu'à la dynastie des Han, la Chine était guidée par la culture de l’Empereur Jaune et de Lao Zi (fondateur du Daoisme) Huang Lao Zhi Xue basée sur le Dao, les lois de la nature, mais la dynastie Han fut la première dynastie à adopter le Confucianisme. Pour mieux comprendre, il faut étudier l’histoire de la Chine, notamment celle de la dynastie des Han:de l’empereur Liu Bang 劉邦 et de l'empereur Liu Che 劉徹 qui a “rejeté les 100 écoles pour respecter seulement le Confucianisme” “罷黜百家,獨尊儒術”.

D’un point de vue géographique, le berceau de la culture chinoise (et de la médecine du juste milieu) se trouve autour du Fleuve Jaune ou les 4 saisons sont très distinctes, dans deux provinces: le He Nan et le Shaan Xi (Xi An).

 

Fu Xi 伏羲 (père fondateur de la pensée chinoise) - Yi Jing 易經 (Classique des changements)

Représentant


Fu Xi - 8 Gua (8 trigrammes) du ciel antérieur

   Le Yi Jing (Classique des changements) est l'origine de la pensée chinoise né sur les rives du Fleuve Jaune, le premier livre de Chine qui a influencé toute la culture chinoise avec son langage Yin Yang. Ce n’est ni un livre de divination ni un livre médical, mais un livre qui sert de base pour la compréhension de l’univers, de la nature et des humains, c’est pour cela qu’il a influencé la médecine et pratiquement toutes les disciplines en Chine. Il peut être utilisé indépendamment comme traitement avec le Shu Shu 術數 (techniques et nombres) mais il est surtout la base des trois autres styles décris plus bas (utilisation par exemple de la numérologie pour savoir combien d’aiguilles il faut utiliser, ou combien de plantes ou quantités de plantes pour telle ou telle pathologie). Sun SiMiao, célèbre médecin daoiste de la dynastie des Tang a écrit: “不知易,不足以言太醫” ce qui veut dire "celui qui ne connait pas le Yi (Jing) ne peut pas être considéré comme un grand médecin".

Le Yi Jing étant le texte fondateur de la pensée chinoise, est très respecté, mais le Shu Shu (numérologie chinoise) est mal perçu par certains de nos jours considéré comme un effet placebo car méconnu et sali par des charlatans mais pourtant extrêmement puissant utilisant l'énergie de la nature et les informations de l’univers. Il faut savoir que c’est grâce au Shu Shu (numérologie chinoise) que les anciens architectes chinois (appelés aussi géomanciens ou experts Feng Shui) ont pu bâtir des édifices majestueux comme dans la Cite Interdite, la Grande Muraille de Chine, le Temple du Ciel, le Palais d'Été, tous inscris par l’UNESCO comme patrimoine mondial de l'humanité. Cette importance des nombres était connu des grecs anciens car selon Pythagore  "tout est nombre", "les choses sont des nombres". Pour revenir au Yi Jing, sa structure mathématique a impressionné Leibniz qui y aurait vu la première formulation de l'arithmétique binaire. Le Shu Shu (numérologie chinoise) reste une technique assez peu répandue de nos jours. A éviter pour des débutants, car nécessite une bonne connaissance du Yi Jing, de sa mathématique et un grand travail de Xiu Lian (travail interne par la méditation ou alchimie interne).

Dans une autre partie, le Yi Jing sera présente de façon plus complète et structurée avec le He Tu - Luo Shu, Fu Xi et les 8 Gua du ciel antérieur, Zhou WenWang et les 8 Gua du ciel postérieur, Kong Zi (Confucius) et le Yi Zhuan.

 

Empereur Xuan Yuan 軒轅黄帝 – “Zhu You” 祝由: première forme de médecine de la période pré-dynastique, médecine dite “shamanique” utilisant les incantations “Zhou Yu” 咒語 et les talismans “Fu” , livre: “Zhu You Shi San Ke” 祝由十三科 Les 13 services du Zhu You”.

Zhu You - Wuisme (shamanisme chinois): le Zhu You est la première forme de médecine en Chine de plus de 5000 ans, elle est notée dans le Huang Di Nei Jing (“Classique Interne de l’Empereur Jaune”) des dynasties des Printemps-Automne et Royaumes Combattants (500 ans avant J.C.) comme la médecine des anciens chinois n’utilisant ni plante ni aiguille d’acupuncture.

Zhu You est une médecine dite “shamanique” (le mot “shaman” venant de Sibérie”) utilisant l’intention et les forces invisibles de la nature dans des incantations fortes en vibrations pour créer et harmoniser les champs énergétiques. Les maitres Zhu You sont les intermédiaires entre le monde visible et invisible, ils percoivent la nature comme un immense réseau que l'on peut comparer à l'internet, en téléchargeant et en envoyant des "informations". La technique Zhu You est considérée comme ancêtre de la psychologie, de l'hypnothérapie, du Qi Gong et des prières. Elle est aussi utilisée dans les cas de possessions et de communication avec les morts, je conseille de faire attention et de se concentrer sur son coté médical. La technique Zhu You était très utilisée à l'époque pré-dynastique ou il n’y avait pas d’outils et remèdes médicaux pour soigner les douleurs et les blessures de guerres (en utilisant en partie la suggestion positive), puis partie intégrante de la médecine impériale à la dynastie des Tang (618 - 907 après J.C.) ce qui veut dire que c'est une médecine reconnue et approuvée par les empereurs qui cherchaient l'efficacité. 

Au fil du temps, elle a évolué vers une médecine divisée en 13 services à la dynastie des Yuan (1271-1368 après J.C.)et l’utilisation de talismans appelé “Fu” 符 en chinois, sans plante ni acupuncture ou pour le renforcement du traitement avec plantes et acupuncture.

Ces talismans “Fu” sont des symboles dotés d’informations énergétiques pouvant libérer la communication entre les humains et l’univers, harmoniser les informations des champs de la nature et ainsi atteindre la santé physique et psychologique des humains. Par ailleurs, les “Fu” sont aussi utilisés pour renforcer la pratique de méditation.

 

Les informations des champs de l’univers font référence pour certains à la matière et énergie noire (invisibles) bien connues des astrophysiciens. Les shamans qui disent se connecter à la nature, se connecteraient en fait au champ magnétique de la terre, connu par la fréquence de Schumann. Je ne fais que de rapporter des informations car l’astrophysique est un domaine que je ne connais pas mais j'espère travailler en collaboration avec des spécialistes.

Quelques livres sur le Zhu You et les talismans Fu existent, le plus important étant le Zhu You  Zhu You Shi San Ke (“Les 13 services du Zhu You”) réédité à l'époque du Min Guo (début du siècle dernier) mais qui n’est une compilation des techniques antiques. Plusieurs talismans y sont très bien présentés de facon structurée pour les maladies correspondantes, ce livre est donc un très bon accès à une tradition écrite pluri-millénaires du shamanisme mais les shamans chinois disent que les plus grands secrets sont en nous et la nature, pas dans les écrits.

Le Zhu You est une des formes de la médecine daoiste mais il peut aussi être utilisé indépendamment. Le Zhu You est l'ancêtre du Qi Gong médical utilisant les capacités naturelles du subconscient que tout le monde a, mais inexploitées et en regression à cause du stress et de l'éducation de la vie moderne.

Mal perçu même en Chine de nos jours car méconnu et sali par des charlatans bloqués dans l'occultisme mais pourtant extrêmement puissant pour son coté médical utilisant la force de l’intention et de la nature. Technique la plus rare, quasi-inexistante dans les hôpitaux chinois. A éviter pour des débutants, car nécessite un grand travail de Xiu Lian (travail interne par la méditation ou alchimie interne).

 

Huang Di 黄帝 (Empereur Jaune) – Huang Di Nei Jing 黃帝內經 de 2600 ans d’âge, “médecine des 4 saisons” utilisant l’acupuncture et la moxibution.

Evolution par ordre chronologique des classiques et textes de l'ensemble Huang Di Nei Jing:

Huang Di Nei Jing-》Nan Jing-》Zhen Jiu Jia Yi Jing-》Zhen Jiu Da Cheng

Les deux premiers sont des classiques d'avant la dynastie des Han et qui ont leur place dans cet article, les deux derniers datent d'après la dynastie des Han, plus spécialisés en acupuncture et moxibustion, je l'ai les quand même mis dans cet article car il s'agit du même ensemble, avec des compilations de techniques anciennes et des apports.

Huang Di Nei Jing: traduit en français par “Classique Interne de l’Empereur Jaune”, premier classique de la médecine du juste milieu (médecine chinoise) écrit autour de la dynastie des Royaumes Combattants (445 à 221 ans avant J.C.) mais il a été écrit en plusieurs périodes: entre la dynastie des Printemps et Automne (770 à 476 ans avant J.C.) et la dynastie des Han (202 ans avant J.C. à 220 ans après J.C.) et par plusieurs personnes. Premier classique médical traitant de physiologie et pathologie énergétiques de l’humain, de sa relation avec la nature à travers le Yang Sheng (entretien de la vie) des 4 saisons, Zang Xiang (physiologie énergétique des organes viscères Zang Fu), Si Qi Wu Wei (4 natures et 5 saveurs), Wu Yun Liu Qi (5 Yun et 6 Qi ou chrono-médecine), etc.

  Divers moyens thérapeutiques sont présentés, souvent de façon factuelle, comme le Shamanisme chinois 祝由 de la haute antiquité, et 6 techniques médicales:
- le Bian Shi 砭石, l'ancêtre du Gua Sha, une sorte de pierre que l'on gratte sur le corps, en particulier le dos, 
- le massage An Qiao 按蹺, qui est l'ancêtre du massage Tui Na - An Mo 推拿 - 按摩,
- le Dao Yin 導引, qui est l'ancêtre du Qi Gong,
- la pharmacopée chinoise 中藥, mais avec seulement 13 formules médicinales,
- l'acupuncture 針刺,
 - et la moxibustion 艾灸.
C‘est surtout l'acupuncture et la moxibustion qui sont présentées de fa çon complète et structurée avec la théorie des Jing Luo (méridiens et collatéraux), la physiologie, la pathologie et les principes de traitements liés aux Jing Luo (méridiens et collatéraux). 

Le Huang Di Nei Jing est un classique très riche en nombreuses informations provenant de plusieurs personnes à diverses périodes de temps, mais à cause de cela il y a beaucoup de différences qui peuvent prêter à confusion pour ceux qui n'ont pas une bonne vue d'ensemble, et à cause du fait ce que soit une compilation avec différentes théories et techniques, on peut faire dire tout et n'importe quoi au Huang Di Nei Jing, ce qui a amené aujourd'hui à une multitude de techniques et styles différents s'y référant. C'est une des raisons des critiques de la médecine du milieu (médecine chinoise) pour montrer le fait qu'elle n'est pas unifiée, un paradoxe alors qu'elle se dit faire l'union entre la nature et les humains. C'est en effet un point que l'on regrette dans notre milieu, mais c'est aussi un point qui permet de montrer la richesse et la pluralité de la médecine du milieu (médecine chinoise) pour un pays, autrefois Empire à  taille continentale. Une bonne connaissance globale du Huang Di Nei Jing montre en fait que ces différences (outre les erreurs des scribes) ne sont que plusieurs chemins pour aller au sommet d'une même montagne.

Le Huang Di Nei Jing comporte deux parties: le Su Wen et le Ling Shu de 81 chapitres chacune écrite en style questions réponses entre Huang Di et Qi Bo principalement.

Le Su Wen traite plus de la physiologie énergétique humaine et des lois de la nature, dont le Wu Yun Liu Qi (5 Yun et 6 Qi ou chrono-médecine).

Le Ling Shu traite plus de la théorie des Jing Luo (méridiens et collatéraux) que des points d'acupuncture, il donne aussi les principes directeurs de l’acupuncture et la moxibustion en relation avec une prise de pouls particulière qui diffère de ce que l'on voit aujourd'hui.

Le Huang Di Nei Jing est le classique et style de médecine du juste milieu (médecine chinoise) le plus connu en occident, cependant il n’est pas considéré comme un classique médical clinique en Chine mais plutôt comme un classique traitant de la nature et de la vie en parfaite cohérence et continuité avec le Yi Jing et le Daoisme.Notez que le Wu Yun Liu Qi (5 Yun et 6 Qi ou chrono-médecine) est un des concepts essentiels pour comprendre le Huang Di Nei Jing.

La théorie des Jing Luo (méridiens et collatéraux) et d’autres mouvements du Qi invisibles sont difficiles à accepter pour la médecine occidentale, mais je suis confiant qu’avec les progrès de la science beaucoup de choses vont s’expliquer notamment grâce aux avancées de l'astro-physique. L'acupuncture est utilisée avec succès depuis des millénaires par les chinois, enseignée dans les universités de médecine occidentale, elle est aussi très appréciée des médecins et patients partout dans le monde. L'acupuncture est de plus reconnue par l’Organisation Mondiale de Santé et l'UNESCO l'a inscrite au patrimoine immatériel de l'humanité en 2010 (j’ai d'ailleurs participé à la traduction du formulaire français officiel).

 

Nan Jing 難經écrit selon la légende par Qin QueRen 秦越人 (Bian Que 扁鵲) pendant la période des Royaumes Combattants (445 à 221 ans avant J.C.), suite et complément du Huang Di Nei Jing écrit en 81 questions réponses. Il a développé entre autres les concepts du Ming Men et des San Jiao (traduit communément par triple foyers ou triple réchauffeurs).

Zhen Jiu Jia Yi Jing 針灸甲乙經: écrit par Huang PuMi 皇甫謐 (215-282) à la dynastie des Jin 晉 à l’an 259. 1er classique spécialement sur l’acupuncture et la moxibustion apportant des précisions sur les Jing Luo (méridiens et collatéraux) et les points d’acupuncture. Ce classique est considéré comme le successeur du Ling Shu (2ème partie du Huang Di Nei Jing).

Zhen Jiu Da Cheng 針灸大成 écrit par Yang JiZhou 楊繼洲 (1522-1620) à la dynastie des Ming 明 en 1601. Livre traitant du Huang Di Nei Jing, Nan Jing, Jing Luo (méridiens et collatéraux), points d’acupuncture, méthodes de puncture et de moxibustion, massage des enfants et cas cliniques. Résumé de l’acupuncture et moxibustion des anciens jusqu'à la dynastie des Ming.

Les deux livres: Zhen Jiu Jia Yi Jing et Zhen Jiu Da Cheng sont des livres compilateurs et explicatifs, ils sont très importants pour la pratique de l’acupuncture et de la moxibustion mais ne sont pas considérés comme des classiques fondateurs de la médecine du juste milieu (médecine chinoise), certains pensent même qu'ils ont dérivé sur certains points des origines du Huang Di Nei Jing.

Détail intéressant, les 81 chapitres du Huang Di Nei Jing et du Nan Jing sont aussi du Shu Shu (numérologie chinoise du Yi Jing): 9 * 9 = , 9 étant le chiffre du ciel, de l’empereur, le plus haut, le plus respecté…

En 1973, à Ma Wang Dui ont été découvert des textes datant à une époque plus ancienne que celle du Huang Di Nei Jing. La théorie des Jing Luo (méridiens) y est légèrement différente, il n’y a que 11 Jing Mai (méridiens principaux) au lieu de 12 dans le Huang Di Nei Jing et tous vont en direction du cœur alors que ceux du Huang Di Nei Jing ont vont des extrémités des membres vers le tronc pour les Jing Mai (méridiens) Yang et du tronc aux extrémités des membres pour les Jing Mai (méridiens)Yin.

Les textes du Ma Wang Dui étant plus ancien que ce ceux du Huang Di Nei Jing, il s’agit pour les historiens soit d’une première étape dans la connaissance des Jing Luo (méridiens) qui sera plus développé dans le Huang Di Nei Jing soit d’un style différent du Huang Di Nei Jing.
 

 

 

Zhang ZhongJing 張仲景– Shan Han Za Bing Lun 傷寒雜病論 de 1800 ans d’âge. Véritable “médecine clinique”, système de méthodes utilisant les plantes médicinales.

 

Evolution par ordre chronologique des classiques et textes de l'ensemble Shang Han Za Bing Lun:

Shen Nong Ben Cao Jing -》 Tang Ye Jing Fa-》Shang Han Za Bing Lun

Le Shang Han Za Bing Lun est le classique représentant, les deux premiers classiques sont en fait la base et l'origine du Shang Han Za Bing Lun, je les ai mis dans cet article pour expliquer l'évolution historique.

Sheng Nong Ben Cao Jing 神農本草經: première matière médicale finie à la dynastie des Han Orientaux (25 à 220 ans après J.C.), mais qui est en fait une compilation écrite par plusieurs personnes depuis la haute antiquité. Ce classique regroupe 365 plantes médicinales et les catégorisent en 3 groupes: supérieur, moyen et inférieur en fonction de leurs toxicités et de leurs fonctions. Le représentant est Shen Nong: un des fondateurs de la civilisation chinoise, fondateur de l’agriculture et découvreur des plantes médicinales. On parle de plantes médicinales, car se sont les plus importantes en nombre, mais il y a des minéraux, des insectes et animaux.

Tang Ye Jing Fa 湯液經法: écrit selon la légende par Yi Yin 伊尹 à la dynastie Yin Shang 殷商 (1600 à 1046 ans avant J.C.), fondateur des Fang Zi (formules) livre regroupant les Fang Zi (formules) daoistes. On en retrouve des passages dans le Mai Jing “脈經”, Fu Xing Jue “輔行訣” et le Qian Jin Yi Fang “千金翼方” mais il a disparu depuis la dynastie des Tang, ce qui a provoqué une néglience de l'importance de cet ouvrage.
 

 

Shang Han Za Bing Lun  傷寒雜病論: écrit part Zhang ZhongJing 張仲景 (150 à 219 après J.C.) de dynastie Han orientaux 東漢 (25 à 220 ans après J.C.), considéré comme le “Sage de la médecine”.

Le Shang Han Za Bing Lun est le premier livre clinique de la médecine du juste milieu (médecine chinoise), qui a instauré un système complet de méthodes avec les 6 Jing (6 systèmes de méthodes) et le diagnostic différentiel du Bian Zheng Lun Zhi 辨証論治 que l’on peut traduire par “choisir le traitement en fonction de la différenciation des Zheng”. Style peu présent en occident mais qui se fait de plus en plus connaitre. Le texte original écrit en chinois ancien a été mal compris et mal traduis, de plus certaines plantes médicinales chinoises sont interdites à l'étranger. Véritable médecine clinique avec un système complet de méthodes, claires et précises mais sans la théorie expliquée, c’est pour cela qu’il a été mal compris par beaucoup. Le Shang Han Za Bing Lun reste tout de même le style de médecine du juste milieu (médecine chinoise) le plus important et présent en Chine avec le Huang Di Nei Jing. Mais seul le Shang Han Za Bing Lun est considéré comme une véritable médecine clinique et comme style le plus “rationnel” pour ne pas dire “scientifique” dans le sens ou tous les symptômes sont décris clairement avec les Fang Zi (formules) correspondantes, les traitements sont vérifiables et reproductibles. C’est un style qui utilise les capacités naturelles du corps pour évacuer les éléments étrangers (par la transpiration, les vomissements, les selles, les urines… toutes les voies naturelles du corps) et qui régule les blocages fonctionnels internes, c’est pour cela que c'est un style qui respecte les “lois de la nature” que l'on appelle Dao 道 en chinois. La médecine du juste milieu (médecine chinoise) ne fait que d'aider les capacités naturelles.

En parlant de capacités naturelles, on retrouve la pensée d'Hippocrate (médecin philosophe grec, "père de la médecine"). Son approche thérapeutique était fondée sur le pouvoir guérisseur de la nature (vis medicatrix naturae en latin) qui explique que le corps contient en lui-même le pouvoir de rééquilibrer les quatre humeurs et de se guérir lui-même (physis). La thérapeutique hippocratique se donnait simplement pour but d'aider ce processus naturel. (*)

Les anciens Chinois et Grecs avaient donc des connaissances similaires, comme un savoir universel, sont-ils plus frères que l'on ne pense ?

Pour revenir au Shang Han Za Bing Lun, il reprend le langage de la tradition chinoise, car c'est une transcription médicale du Yi Jing et du Daoisme traitant des lois de la nature en séparant les maladies Yang d’origine externe et maladies Yin d'origine interne. On voit ici, une parfaite cohérence et continuité entre médecine et sagesse chinoise.

Les 6 Jing (6 systèmes de méthodes) représentent le Tai Yang, Yang Ming et Shao Yang pour les maladies d’origine externe Yang, et le Shao Yin, Tai Yin et Jue Yin pour les maladies d’origine interne Yin. Les 3 Yang ne sont en fait qu’un Yang et les 3 Yin ne sont en fait qu’un Yin, ce sont les changements du Yin Yang, concept de base du Yi Jing et Daoisme. Un Yang un Yin qui forment un ensemble Tai Ji avec son symbole Yin Yang.

Le Shang Han Za Bing Lun est aussi le précurseur du diagnostic différentiel propre à la médecine du juste milieu (médecine chinoise): “choisir le diagnostic en fonction de la différentiation des Zheng” 辨証論治. Ce “Zheng” est traduit communément par “syndrome” en français ou Zheng Hou 証侯 en chinois, qui représente un ensemble de “symptômes” en français ou Zheng Zhuang 症狀 en chinois. Exemple: le mal de tête, les yeux rouges, la chaleur, douleurs costales etc sont des symptômes qui forment un syndrome que l’on appelle “chaleur du foie qui monte” (langage propre à la médecine chinoise). Cette différenciation entre “syndrome” et “symptôme” est le langage standard en Chine dans les universités et hôpitaux, mais aussi dans les écoles de médecine chinoise à l'étranger. Cependant, cette différenciation montre une détérioration et modernisation de la langue, mais aussi une mauvaise compréhension de la médecine du juste milieu (médecine chinoise) car à l'époque du Shang Han Za Bing Lun le caractère 症 Zheng (symptome) n'existait pas, il y avait seulement le caractère 証 Zheng (qui veut dire aujourd'hui "syndrome").

Le Shang Han Za Bing Lun ayant été écrit il y a 1800 ans, il a bien sur été écrit en caractères traditionnels, et donc aucune différenciation entre symptômes et syndromes. Cette différenciation utilisée par pratiquement tous aujourd’hui est une modernisation de la médecine chinoise. Des puristes du Shang Han Za Bing Lun ne font pas cette différenciation et traduisent le Zheng par 現象 Xian Xiang, c’est-à-dire “phénomène” (en comparaison aux phénomènes naturels de la terre et de l’univers et la on se rend bien compte que l’humain est bel et bien une petite terre, un petit univers, qu’il y a une similarité et correspondance). De plus, ce langage par les syndromes (utilisant le diagnostic différentiel par les organes/entrailles) tellement répandu et ancré comme: chaleur du foie qui monte, vide des poumons, … est un langage qui met une étiquette aux maladies, ce qui permet de rassurer les patients, mais une maladie n’est jamais le résultat d’un seul problème, de tel ou tel organe, mais le résultat du dysfonctionnement d’un ensemble, d’un système, une relation de cause conséquence. On parle de médecine holistique, d’ensemble, si l’on parle de chaleur du foie qui monte ou de vide des poumons, on est dans la localité, n’est pas ici un paradoxe ?

Le Shang Han Za Bing Lun a été écrit a l’origine sur des lamelles de bambous difficilement conservables à cause du temps, érosion, insectes, guerres etc. Il a été compilé par Wang ShuHe 王叔和 (201 à 280 après J.C.) de la dynastie des Jin 晉 qui l‘a séparé en deux parties: le Shang Han Lun 傷寒論 et le Jin Kui Yao Lue 金匱要略. Cette séparation est sujette à controverse car l’ordre des passages semble avoir été perturbé, alors que ces deux parties sont en fait inséparable. Une grammaire différente dans certains passages et notamment dans la préface nous indiquent que le texte original a reçu des ajouts ultérieurs, vraisemblablement de Wang ShuHe.

Beaucoup critiquent Wang ShuHe par rapport au fait qu’il aurait détérioré le Shang Han Za Bing Lun originel, mais personne n'étant présent à son époque ou l’imprimerie n’existait pas, il est fort probable qu’il ait reçu une version en désordre avec des parties manquantes dues à l'érosion, insectes, les guerres et le temps. Il faut aussi le remercier car sans lui et son travail de compilation, nous n’aurions peut-être jamais eu ce bijou de la médecine du juste milieu qu’est le Shang Han Za Bing Lun.

Fu Xing Jue 輔行訣: écrit par le daoiste Tao HongJing 陶弘景 (456 - 536 ans après J.C.) dynastie Nan Bei 南北, livre reprenant les Fang Zi (formules) daoistes du Tang Ye Jin Fa. Il y a des désaccords sur la date et certains passages de ce livre.

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Note:

(*) Ces quelques phrases sur Hippocrate proviennent de wikipédia, encyclopédie libre sur internet.

 

Cet article est le fruit de mes recherches et de ma vision de la médecine du juste milieu. C'est aussi la base de mon enseignement. On m'a conseillé plusieurs fois de ne pas le mettre en ligne, de le développer un peu plus et de le vendre comme cela se fait généralement. Je tiens à le proposer gratuitement au public, car ce savoir n'appartient pas à moi, il est originaire de Chine et appartient à l'humanité. Cela m'a nécessité beaucoup de temps, énergie, argent, ce qui implique aussi beaucoup de concessions personnelles. J'espère que le public sera généreux et pourra m'aider à travers des dons pour m'encourager. 
Je continuerai quoi qu'il arrive à écrire et traduire des articles pour présenter les merveilles de la Chine. 

 

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