Les quatres vers de la science du Cœur selon Wang YangMing

 

Wang YangMing (王阳明), surnom de Wang ShouRen, est un grand philosophe chinois du Néo-Confucianisme de la dynastie des Ming né le 31 octobre 1472 à Yu Yao dans le Zhe Jiang et mort en 9 janvier 1529 dans le Guang Xi.

Le Confucianisme a été progressivement dépassé par le Daoisme et le Bouddhisme dans le cœur du peuple et de certains empereurs. En effet, le Confucianisme s'est raidit dans les rites, les codes en société, la progression dans la hiérarchie pour être un bon fonctionnaire, s’éloignant ainsi de la spiritualité et de la métaphysique du monde invisible. Cependant, cela est due à une récupération politique à la dynastie des Han qui a imposé le Confucianisme en tant que système d'Etat de l'Empire chinois. Bien que Kong Zi (Confucius) et Meng Zi (Mencius) traitaient en effet de politique, ils présentaient aussi un véritable travail spirituel qui a été oublié petit à petit au profit de la politique, les deux sont en fait lier... car pour gérer un empire il faut gérer son Cœur (esprit).

Ainsi, le Néo-Confucianisme apparait aux dynasties des Song et des Ming avec deux méthodes:
- retrouver la métaphysique du Confucianisme originel notamment dans les premiers commentaires du《Yi Jing》le《Yi Zhuan》appelé les《Dix Ailes》de Kong Zi (Confucius). On dit d'ailleurs que si Kong Zi (Confucius) n'avait pas fait ce commentaire, le《Yi Jing》aurait pu être perdu ou incompréhensible même par les daoistes (mais certains daoistes disent avoir une autre version du《Yi Jing》);
- absorber des concepts daoistes et bouddhistes, notamment sur le travail du Cœur, la cosmogonie et la cosmologie, etc

Wang YangMing est peut être le plus bel exemple du Néo-Confucianisme, un personnage que je vous conseille vivement d'étudier car c'est un véritable intellectuel qui cherche à comprendre au même titre qu'un sage spirituel qui pratique et expérimente avec le Cœur pour s'unir au Dao. Le Confucianisme retrouve ainsi ses lettres de noblesse avec sa sagesse originelle mais aussi avec un apport important des spiritualités daoistes et bouddhistes. Il ne s'agit pas seulement d'un copier coller de concepts mais un véritable travail sur l'union des trois sagesses chinoises qui traitent au final de la même chose.
A noter: Wang YangMing traite de l'alchimie interne daoiste et du Bouddhisme Chan dans ses écrits, il a ainsi influencé beaucoup de daoistes et de bouddhistes qui ont trouvé chez lui une autre vision de leurs propres spiritualités.

Pour Wang YangMing le principe du Ciel (cosmos, ciel terre, 10 000 êtres) est dans le Cœur des humains, on retrouve ce concept dans la carte daoiste du Paysage Intérieur《Nei Jing Tu》(où un enfant tient la constellation dans la grande ourse au niveau du Coeur) ou les textes bouddhistes (le Cœur c'est le cosmos).
Wang YangMing préconise de chercher dans le Coeur (des humains) le principe (du Ciel), d'ailleurs il pense le Cœur (des humains) c'est le principe (du Ciel), là aussi on retrouve les sagesses daoiste et bouddhiste.
Cependant, une particularité de Wang YangMing est que recherche intellectuelle des connaissances (avoir plus) et aussi importante que la méditation (délaisser), un de ses messages les plus important est "la connaissance et l'action doivent faire un" pour une cohérence entre le savoir et le faire... dans la présence.

 

Voici un célèbre poème en quatre vers de Wang YangMing qui résume bien sa pensée sur la science du Cœur (esprit) et ou l'on retrouve l'esprit des trois sagesses:

“L'entité du Cœur (esprit) n'est ni bonne ni mauvaise,                               
 Le mouvement de l'intention a du bon et du mauvais,
 La bonne connaissance c'est connaitre le bon et le mauvais,
 La recherche des choses c'est agir pour le bon et enlever le mauvais.”

 
“无善无恶心之体,
 有善有恶意之动,
 知善知恶是良知,
 为善去恶是格物。”

 

Commentaires:

L'entité du Cœur (esprit) n'est ni bonne ni mauvaise : l’entité (dans le sens de la structure) du Cœur (esprit) c'est la nature de l'humain, il y a deux aspects: le savoir et le faire, ce sont les fonctions de l'humain. Mais à la source, l’entité du Cœur (esprit) est sans désir, c'est le principe du Ciel (qui rejoint le concept du Dao ni bon ni mauvais et la nature du Cœur dans le Bouddhisme claire et pure), dans le juste milieu il n'y a ni bon ni mauvais, c'est ce en quoi nous tendons.                                
Le mouvement de l'intention a du bon et du mauvais: quand l'esprit humain bouge, il y a émotion manifestée, ainsi il y a séparation entre bon et mauvais. Mais si ce mouvement de l'intention humaine est mesuré et le juste milieu, bien qu'il ne soit plus dans le principe du Ciel, il est harmonieux et bon. S'il est démesuré et quitte l'équilibre du juste milieu c'est mauvais.
La bonne connaissance c'est connaitre le bon et le mauvais: la conscience du bien et du mauvais c'est la bonne connaissance.
La recherche des choses c'est agir pour le bon et enlever le mauvais: c'est le but de la spiritualité confucianiste sur le travail de soi, réflexion sur ses pensées et actions. Le classique confucianiste de la《Grande Etude》(《大学》)décrit le concept de "la recherche des choses", ainsi face à une chose, il faut faire le bien et enlever le mal au niveau même de sa conscience. On retrouve ainsi la définition du Bouddhisme selon premier sutra Agama écrit en Pali: “Ne faire aucun mal, appliquer le bien public, purifier son esprit, c'est le Bouddhisme.”《增一阿含经》: “诸恶莫作, 众善奉行,自净其意, 是诸佛教。” 

 

 

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